
EN BREF
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La création d’entreprises au Nigeria a atteint son plus bas niveau en trois ans, avec un taux de naissance d’entreprises tombé à 24% en 2024, selon un rapport du FATE Institute. Cette baisse est principalement attribuée aux conditions économiques difficiles, avec une inflation record et une dévaluation du naira. Malgré l’optimisme de 87% des entrepreneurs, seulement 68% envisagent d’étendre leurs activités, une chute par rapport à 78% l’année précédente. Les états Anambra et Ebonyi se distinguent avec de meilleurs indices entrepreneuriaux, tandis que le gouvernement est appelé à adopter des politiques favorables pour stimuler la croissance et attirer des investissements étrangers.
Selon un rapport de l’Institut FATE, la création d’entreprises au Nigeria a atteint son niveau le plus bas depuis trois ans. Avec un taux de naissance d’entreprises tombant à 24% en 2024, ce déclin est attribué à des conditions économiques difficiles et à une expansion timide des projets d’investissement. Malgré un sentiment d’optimisme parmi les entrepreneurs, les défis de l’économie nigériane continuent d’entraver la croissance d’un secteur crucial pour le développement du pays.
Le contexte économique nigérian
Le Nigeria, en tant que premier producteur de pétrole brut en Afrique, fait face à une situation économique précaire. La dévaluation de la naira, l’augmentation des prix, et l’insécurité persistante représentent des obstacles majeurs pour les entrepreneurs. Alors que les taux d’inflation atteignent des sommets quasi historiques, avec une inflation ayant grimpé pour franchir des seuils critiques, beaucoup d’entrepreneurs hésitent à investir dans de nouveaux projets.
Une enquête menée auprès de plus de 10 000 entreprises à travers les 36 États du pays a révélé une baisse du indice entrepreneurial, qui a chuté à 0.46, en comparaison avec 0.52 en 2023 et 0.58 en 2022. Cette situation souligne la dégradation de l’état de l’entrepreneuriat au Nigeria, où moins d’entreprises naissent, peinent à croître et à embaucher.
Les raisons de la baisse des naissances d’entreprises
Plusieurs facteurs expliquent la baisse des naissances d’entreprises au Nigeria. Le rapport de l’Institut FATE met en lumière la faible adoption des compétences parmi les entrepreneurs, couplée à des défis divers, dont la dépréciation de la monnaie, l’inflation élevée, et les coupures d’électricité fréquentes. Ces éléments rendent le climat des affaires plus incertain et dissuadent les nouveaux entrepreneurs de se lancer dans leurs projets.
En 2024, la création d’entreprises a chuté à 24%, contre 30% en 2023 et 32% en 2022. Cette baisse significative témoigne d’une confiance fragile parmi les entrepreneurs, qui s’interrogent sur la viabilité de leurs idées dans un climat économique instable.
Optimisme et prudence des entrepreneurs
Bien qu’une majorité des répondants, soit 87%, ait exprimé de l’optimisme quant aux opportunités d’affaires, il est clair que les entrepreneurs font face à une réalité complexe. Sur ce même échantillon, seulement 68% des entrepreneurs ont exprimé des projets d’expansion, en baisse par rapport à 78% en 2023. Cela montre une tendance vers un optimisme prudent, les entrepreneurs étant conscients des nombreux défis qu’ils doivent surmonter.
Les attentes des entrepreneurs sont souvent confrontées à des contraintes réelles, et cette incapacité à avancer fait peser un fardeau supplémentaire sur le tissu entrepreneurial du Nigeria.
Comparaison entre les États nigérians
La performance entrepreneuriale varie considérablement d’un État à l’autre. Anambra et Ebonyi se distinguent en figurant parmi les meilleurs états en matière de création d’entreprises, atteignant un indice de 0.77, bien au-dessus de la moyenne nationale de 0.46. Ces États affichent de bons résultats en ce qui concerne les taux de naissances d’entreprises, la part des entreprises enregistrées et la proportion de jeunes et de femmes qui bénéficient d’un financement et qui ont connu une croissance.
À l’opposé, les États comme Niger, Cross River et Zamfara luttent pour attirer les entrepreneurs, affichant des scores parmi les plus bas. Ces différences soulignent l’importance de l’environnement économique et des politiques locales sur la création d’entreprises.
Recommandations pour stimuler l’entrepreneuriat
Le rapport appelle à une série de recommandations pour améliorer la situation. L’une des suggestions les plus pressantes est que le gouvernement nigérian mette en œuvre des politiques économiques visant à attirer des investissements directs étrangers et à améliorer les exportations non pétrolières. Cela pourrait aider à stabiliser l’économie sur le long terme.
Pour renforcer le secteur des petites et moyennes entreprises (PME), il est également conseillé que le gouvernement collabore avec des parties prenantes pour établir des programmes d’incubation visant spécifiquement les jeunes entrepreneurs et ceux dirigés par des femmes. Cela pourrait renforcer les compétences et permettre aux entreprises d’accéder à un financement abordable.
Le rôle des institutions financières
Une autre recommandation essentielle est la recapitalisation des institutions de financement du développement, qui est cruciale pour couvrir le besoin de financement abordable pour les entrepreneurs. L’accès à des prêts et à des subventions est essentiel pour que les nouvelles entreprises puissent non seulement démarrer, mais également se développer dans un environnement économique difficile.
Il est également nécessaire de rendre le processus d’enregistrement des entreprises plus accessible aux entrepreneurs informels. Cela aiderait à formaliser davantage de petites entreprises, ce qui, à son tour, renforcerait la base économique du pays.
Promouvoir le dialogue public-privé
Pour surmonter les défis auxquels sont confrontées les entreprises, la création de plateformes de dialogue public-privé pourrait favoriser l’échange d’informations et l’apprentissage entre les différents acteurs du secteur entrepreneurial. Cela permettrait de partager des expériences et des stratégies efficaces pour naviguer dans le climat économique actuel.
Un tel dialogue serait également bénéfique pour intéresser les décideurs politiques aux réalités du monde des affaires, rendant ainsi les politiques plus adaptées aux besoins des entrepreneurs locaux.
L’importance d’une vision à long terme
Pour que l’entrepreneuriat puisse prospérer au Nigeria, il est crucial d’avoir une vision à long terme qui mise sur l’innovation et l’adoption des nouvelles technologies. Les jeunes entrepreneurs, en particulier, doivent être encouragés à développer des idées novatrices qui peuvent transformer des industries traditionnelles et améliorer les conditions de vie.
Le gouvernement et les partenaires au développement doivent également investir dans des programmes éducatifs qui intègrent des compétences entrepreneuriales dès le plus jeune âge. Cela pourrait contribuer à créer une nouvelle génération d’entrepreneurs bien formés et résilients, prêts à relever les défis économiques de demain.
Accéder aux opportunités internationales
Pour les entreprises nigérianes, l’internationalisation est une voie prometteuse pour élargir leur marché. Les acteurs économiques devaient explorer les opportunités disponibles sur les marchés étrangers. Un soutien adéquat, comme des formations sur la manière d’exporter efficacement ou des facilités pour participer à des foires commerciales internationales, serait crucial.
Encourager une telle internationalisation pourrait aider le Nigeria à diversifier sa base économique et à réduire sa dépendance vis-à-vis des revenus pétroliers.
Le rôle des nouvelles technologies
Les technologies numériques représentent une opportunité significative pour les entreprises nigérianes. En intégrant des solutions technologiques, les entrepreneurs peuvent augmenter leur efficacité et élargir leur portée de manière exponentielle. Les entreprises doivent être incitées à adopter des innovations telles que l’e-commerce, le marketing numérique et les solutions de paiement en ligne.
Les gouvernements et les organisations de soutien à l’entrepreneuriat devraient faciliter l’accès à ces technologies et proposer des formations adaptées pour assurer une utilisation efficace.
Les jeunes et l’entrepreneuriat féminin
Un accent particulier doit être mis sur le soutien à l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes. Les initiatives visant à encourager ces groupes, qui sont souvent sous-représentés dans le domaine, sont essentielles pour créer un écosystème entrepreneurial inclusif. Cela implique des programmes de mentorat, d’éducation et d’accès au financement spécifiquement destinés à surmonter les obstacles auxquels ils sont confrontés.
En résumé, la situation actuelle de la création d’entreprises au Nigeria nécessite des efforts concertés de la part des gouvernements, des institutions financières, et des acteurs privés. Les recommandations formulées dans le rapport de l’Institut FATE offrent un cadre pour stimuler l’entrepreneuriat, en faveur d’une croissance durable et inclusive.

Témoignages sur la création d’entreprises au Nigeria
Lors d’un récent forum sur l’entrepreneuriat, plusieurs entrepreneurs nigérians ont partagé leurs expériences face à la réduction des naissances d’entreprises dans le pays. Ayo, un jeune entrepreneur basé à Lagos, a exprimé sa frustration : « J’ai toujours rêvé de lancer ma propre société, mais avec une inflation élevée et une dévaluation de la naira, il devient de plus en plus difficile d’atteindre mes objectifs. Je me sens coincé. »
Jacqueline, une entrepreneuse dans le secteur de la mode, a corroboré ce sentiment : « Bien que les opportunités existent, la confiance des entrepreneurs est en déclin. J’avais prévu d’agrandir mon entreprise cette année, mais je suis maintenant très hésitante. Les défis économiques rendent chaque décision complexe. »
De son côté, Samuel, un représentant de la FATE Foundation, a souligné l’importance d’un soutien gouvernemental accru : « Pour voir le taux de création d’entreprises remonter, il faut que le gouvernement adopte des politiques favorables aux entreprises. Les entrepreneurs ont besoin d’un cadre stable pour investir et se développer. »
Dans une discussion sur les régions, Chika, résidente d’Anambra, a noté que sa région est l’une des plus performantes : « Bien que la situation soit difficile dans tout le pays, Anambra continue d’innover. Nous avons toutes les ressources nécessaires pour soutenir notre croissance, il suffit de maintenir cet élan. »
Alors que le rapport évoque une baisse significative du taux d’entrepreneuriat, nombreux sont ceux qui restent positifs quant à l’avenir. « La résilience des Nigérians est admirable. Même face à des obstacles, beaucoup de nous restent déterminés à innover et à prospérer, » conclut Nkechi, une entrepreneuse ayant récemment réussi à lever des fonds pour sa startup.