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L’exode entrepreneurial au Canada
Au Canada, la création de nouvelles entreprises connaît une chute préoccupante, signalant un appel à la vigilance pour les décideurs politiques, selon Lucy Hargreaves, PDG de Build Canada et défenseure de l’entrepreneuriat. Hargreaves souligne que cette tendance est le résultat de barrières systémiques incitant les entrepreneurs canadiens à rechercher des opportunités à l’étranger. Bien que le Canada dispose des ressources nécessaires pour réussir économiquement, des choix politiques défavorables, une charge réglementaire écrasante, des attitudes culturelles peu encourageantes envers le risque, et des services publics défaillants contribuent à ce phénomène. Les politiques fiscales peu compétitives et la complexité des réglementations nuisent particulièrement à la croissance des petites entreprises, rendant difficile la réussite des entrepreneurs au sein du pays.
Le Canada est confronté à un déclin inquiétant de la création de nouvelles entreprises, un phénomène qui devrait constituer un « appel à la vigilance » pour les décideurs politiques. Selon Lucy Hargreaves, CEO de Build Canada et fervente défenseure de l’entrepreneuriat, ce mouvement ne reflète pas un manque d’esprit entrepreneurial, mais plutôt des barrières systémiques qui poussent les fondateurs canadiens à chercher des opportunités à l’étranger. Avec des atouts indéniables tels que le territoire, le talent et l’énergie, notre pays doit repenser ses choix politiques pour libérer son véritable potentiel économique.
Les politiques fiscales : un obstacle majeur
Les politiques fiscales canadiennes figurent parmi les principales entraves à l’entrepreneuriat. Hargreaves souligne que le régime d’imposition sur les plus-values en vigueur au Canada ne peut rivaliser avec les incitations offertes par les États-Unis, en particulier pour les petites entreprises. Selon ses déclarations, les différences sont notables, notamment avec le programme américain Qualified Small Business Stock (QSBS) qui limite l’imposition des gains à 15 millions de dollars, soit environ dix fois le montant d’investissement initial.
Ce déséquilibre incite même certains investisseurs à suggérer aux entreprises en phase de démarrage de déménager aux États-Unis pour profiter de ces dispositions fiscales avantageuses. Le récent changement de cap de l’administration fédérale, qui a décidé de ne pas augmenter le taux d’imposition sur les plus-values, ne résout pas le problème sous-jacent d’une structure fiscale peu compétitive.
Le fardeau réglementaire : un frein à la croissance
Un autre obstacle significatif pour les entrepreneurs canadiens est le fardeau réglementaire qui pèse sur eux. Les petites entreprises perdent chaque année plus d’un mois de productivité à cause des formalités administratives. La complexité des programmes d’aide, tels que le crédit d’impôt pour la recherche et le développement (SR&ED), détourne une partie importante des fonds réels destinés à soutenir l’innovation. Hargreaves estime qu’environ 30 % de l’aide gouvernementale est engloutie par des frais administratifs liés à la navigation dans ces programmes.
Ce contexte est alarmant, surtout lorsque l’on réalise que le coût total des réglementations s’élevait à 51,5 milliards de dollars en 2024, selon la Fédération canadienne des entreprises indépendantes. On constate également une variation importante des exigences réglementaires d’une province à l’autre, ce qui complique encore davantage la situation pour les entrepreneurs.
Changement des attitudes culturelles face à la prise de risque
Au-delà des politiques publiques, le Canada souffre d’une culture peu encline à célébrer l’entrepreneuriat. Contrairement aux États-Unis, où la réussite entrepreneuriale est souvent célébrée, au Canada, les entrepreneurs ne bénéficient pas d’une ambiance sociétale favorable qui valorise la prise de risque. Hargreaves le souligne avec regret, évoquant la nécessité d’un changement d’attitude collective pour encourager un environnement qui favorise l’innovation et la prise de risques.
Cette absence de reconnaissance peut créer un cycle d’aversion au risque, décourageant la prochaine génération d’entrepreneurs à se lancer. Des efforts pour stimuler une culture plus positive envers l’entrepreneuriat pourraient contribuer à transformer la perception générale autour de la création d’entreprises.
Les services publics : une défaillance pour les entrepreneurs
Les entrepreneurs canadiens font face à un paradoxe amer : malgré leurs contributions fiscales importantes, ils ont du mal à accéder aux services publics essentiels, tels que les soins de santé et l’éducation. Hargreaves évoque la frustration des entrepreneurs qui, après avoir payé des impôts élevés, se retrouvent à lutter pour obtenir des services que leurs contributions sont censées financer.
La crise d’accès aux soins de santé au Canada est alarmante, avec des temps d’attente qui continuent d’augmenter. En 2024, le temps d’attente médian pour un traitement se chiffrait à 30 semaines, une situation qui met en lumière les lacunes du système. Des entrepreneurs témoignent de leur incapacité à obtenir des soins médicaux pour leur famille, ce qui soulève des questions quant à l’équilibre entre les obligations fiscales et la qualité des services accessibles.
Possibilités de croissance : volonté nécessaire
Cependant, Lucy Hargreaves insiste sur le fait qu’il est possible pour les entreprises canadiennes de croître tout en restant ancrées dans le pays. Des exemples comme celui de Shopify montrent qu’une réussite entrepreneuriale est réalisable, même si cela nécessite une détermination exceptionnelle et souvent le recours à des capitaux internationaux pour se développer.
Le Canada possède les ingrédients nécessaires pour devenir une nation prospère, mais cela nécessite une volonté collective de surmonter les barrières systémiques qui freinent les entrepreneurs. Il est crucial de réfléchir aux moyens d’attirer et de soutenir les talents locaux, tout en s’attaquant aux causes de l’exode entrepreneurial. Les histoires de réussite doivent être mises en avant pour inspirer de futures générations d’entrepreneurs et encourager une dynamique positive autour de l’entrepreneuriat.
Pour en savoir plus sur le constat alarmant du déclin de l’entrepreneuriat au Canada, des études récentes, telles que celles du gouvernement canadien sur l’impact de la crise COVID-19 sur les activités entrepreneuriales, soulignent la nécessité urgente d’agir : étude sur l’impact de la COVID-19.
Des articles d’opinion, comme ceux de Jean LePage, expriment également des inquiétudes concernant l’avenir de l’entrepreneuriat au Canada, incitant à une action collective face à cette crise : urgence d’agir au Québec.
Le débat autour du déclin entrepreneurial est également présent dans les médias, comme l’atteste un article du journal La Presse, qui analyse les facteurs menant à ce phénomène inquiet : déclin de l’entrepreneuriat.
À l’échelle de la société, il devient impératif de reconnaître et de valoriser les nouveaux arrivants qui apportent des idées innovantes et des compétences précieuses à l’économie canadienne, comme l’indique un rapport de la CFIB : expérience entrepreneuriale des nouveaux arrivants.
En somme, le Canada doit prendre conscience des défis qui pèsent sur ses entrepreneurs et agir rapidement pour leur fournir un environnement propice à l’innovation et à la réussite. C’est en surmontant ces obstacles que notre pays pourra véritablement libérer son potentiel entrepreneurial et économique.

L’exode entrepreneurial au Canada : Un appel à la vigilance
La situation actuelle de la création d’entreprises au Canada est alarmante et nécessite une attention urgente de la part des décideurs politiques. Selon l’experte en entrepreneuriat, Lucy Hargreaves, la chute notable du nombre de nouvelles entreprises constitue un véritable « appel à la vigilance » pour le pays. Hargreaves affirme que cette tendance ne résulte pas d’un manque d’esprit entrepreneurial, mais plutôt de barrières systémiques qui poussent les fondateurs canadiens à chercher des opportunités ailleurs.
D’après Hargreaves, le Canada dispose de tous les éléments fondamentaux pour réussir sur le plan économique : ressources naturelles, talent et énergie. Toutefois, des choix politiques inadaptés empêchent le pays d’exploiter pleinement son potentiel. Cette situation devient encore plus préoccupante lorsqu’on examine les facteurs qui incitent les entrepreneurs à quitter le pays.
Tout d’abord, les politiques fiscales apparaissent comme un obstacle majeur. Les incitations fiscales sur les gains en capital au Canada ne peuvent tout simplement pas rivaliser avec celles offertes aux États-Unis. Hargreaves souligne que même si des mesures ont été prises pour améliorer la situation, le Canada reste désavantagé comparé à son voisin du Sud. Les entrepreneurs canadiens se retrouvent ainsi poussés à se délocaliser pour profiter d’un cadre fiscal plus favorable.
Ensuite, la charge réglementaire écrasante entrave la croissance des petites entreprises. Les données indiquent que les propriétaires d’entreprises au Canada perdent des centaines d’heures chaque année en raison de formalités administratives complexes. Les programmes censés aider les entrepreneurs, comme le crédit d’impôt pour la recherche et le développement, sont devenus si complexes qu’ils nécessitent souvent l’intervention de consultants, réduisant ainsi la part du soutien gouvernemental réellement bénéfique pour les entreprises.
Par ailleurs, le climat culturel joue un rôle non négligeable dans ce phénomène. Contrairement aux États-Unis, le Canada ne célèbre pas toujours la réussite entrepreneuriale et la prise de risques. Ce manque de valorisation des initiatives audacieuses limite l’inspiration pour la prochaine génération d’entrepreneurs et contribue à une culture d’évitement du risque.
Les services publics de base, tels que la santé et l’éducation, sont également perçus comme insuffisants par les entrepreneurs canadiens. Ceux qui paient des impôts élevés sont souvent frustrés de ne pas pouvoir accéder aux soins de santé nécessaires ou à une éducation de qualité pour leurs enfants. Cette situation est d’autant plus amère qu’elle impacte directement la qualité de vie des contributeurs à l’économie canadienne.
Cependant, malgré ces défis, Hargreaves reste convaincue que l’échelle est possible pour les entreprises canadiennes. Des succès comme celui de Shopify montrent qu’il est envisageable de croître tout en restant au Canada. Mais cela exige une décision fermée et des efforts pour surmonter les obstacles systémiques qui freinent les entrepreneurs.